REVEIL

La soirée au new café avait du etre terriblement arrosée car le viking ne se souvenait pratiquement plus de rien, excepté une chose: il avait du trop abuser de mélanges alcoolisés pour avoir dormi aussi longtermps
Salaud d'Atnanadoc songeat-il pour lui meme, il m'a bien eu en me faisant ingurgiter ses reecttes tordues
Il n'empeche, son réveil était plutot mauvais, comme un type qui se lève du pied gauche; d'autant plus qu'il avait cauchemardé affreusement durant plusieurs lunes
Il se leva et s'habilla promptement pour descendre au port....
Le reve devenait réalité!
le drakkar n'était plus à quai
Comme un fou furieux, il rebroussa chemin, croisant de nouvelles tetes qu'il ne salua meme pas, les bousculant presque au passage, il ne les voyait pas ou peu. Il s'arreta un bref instant, pris d'un vertige, et son cauchemar lui revint à l'esprit. Et le pire, c'est que ce cauchemar semblait se matérialiser dans la réalité.
le drakkar parti, Vimir, Chaospher et d'autres à bord!
Il retourna chez lui d'un pas alerte en rugissant, vociférant et hurlant:
"CORNE DE BOUC DE CORNE DE BOUC DE CORNE DE BOUC".
Il y avait très peu de messages à son intention: un seul le fit frissonner presque:
Black allait partir !
Il s'effondra sur son vieux fauteuil défoncé et tendit une main pour attraper un flacon d'hydromel.
La gorge serrée, il esquiva encore un geste de mauvaise humeur:
je ne comprends rien à tous ces gens, ces peuples du désert, ces jeunes effrontés qui font ce qu'ils veulent et changent d'avis comme moi de chemise!
Volià qu'ils semblaient presque tous vouloir quitter Arakken à présent
ET POURQUOI NE PAS M AVOIR SUVI JADIS, EN CE CAS?
(z'avez qu'a refiler la comm à Dagoth, je suis certain qu'il se fera plaisir en reprenant les renes, tiens!)
Il avala plusieurs fioles d'hydromel jusqu'à plus soif.
Et le coeur triste, ferma sa porte à double tour pour (et cela était extremement rare) pleurer en silence: sur son passé, sur ce présent, et sur cet avenir qui était à présent mort.

Athanadoc était appuyé contre sa porte, profitant des premiers rayons de soleil printanier, la bouffarde au bec.

Le soleil brillait, les oiseaux chantaient, et un viking en colère semblait venir dans sa direction.

"Corne de bouc de corne de bouc de corne de bouc..."

Passanr devant le bar, il ne lui jeta aucun regard, et marcha d'un pas décidé vers sa cabane. Ath, diplomate dans l'âme, sentant la crise se profiler à l'horizon, posa son bitos sur son chef et lui emboita le pas de manière saine.

Arrivant devant la lourde, il entendait le viking lancer à tout va des reproches bien sentis. Il tapa à la porte... on ne lui répondit pas.

Puis, un gentil "Laisse-moi tranquille, Corne de Bouc !!!" le faucha plus qu'agréablement.

Le jeune homme sortit la pipe de sa bouche, et se mit à gueuler :

"Minute, Papillon !!!

Tu vas te détendre un peu ou le jeune con que je suis va devoir te caler une sacrée mornifle !
Que tu sois pas content pârce que ton drakkar est plus là, ça je comprends, et je le regrette... Mais c'est pas une affaire qui me regarde, alors je vais laisser couler.

Mais de croire que Mézigue et les autres ils vont laisser tomber la com', tu peux te mettre l'index dans l'oeil jusqu'à l'olécrane... Un avenir, va y'en avoir un, et pas moins radieux que celui-ci !!!

Alors, on redevient sociable, et on ouvre la porte à son copain Athana !!!"

Erik pointa le bout de son nez au dehors:
Athanadoc lui avait parlé avec des mots bizarres et incompréhensibles:
"l'olécrane, mézigue"...
Hum, on ne respecte meme plus les anciens ici?
Mouais, j'attends de voir, cher toubib préféré
En tout cas, je REFUSE d'etre , comment dire, enfin un truc dans votre langage qui dirait "dindon au milieu d'une (mauvaise) farce"

Et il ajouta:
"Par Odin" !

Athanadoc! Athanadoc!

(donne moi des calmants, tu veux?)

(ou appelle Meltorn)

Meltorn était, selon ses obligations, dans les cuisines. Puis d'un coup, un énorme hurlement parvint jusqu'à elle. Un hurlement qu'elle n'avait jamais entendue, mais dont elle se doutait de l'origine... :


"Corne de bouc de corne de bouc de corne de bouc..."

Ce cris retentissait bien au dela de sa cuisine. Il s'étendait jusqu'aux alentours d'Arakeen, et peut-être bien que certains gars d'El Rancho allaient également en profiter.
Elle comprit dès lors qu'il y avait un problème, et de taille. Elle enleva son tablier, quitta en hâte la cuisine, laissant Anthigel encore sous le choc de ce hurlement.
Elle courut, le plus vite qu'elle ne l'eu jamais fait. Elle parvint enfin à la maison d'Erik. Athana était à l'entrée et semblait essayer d'entrer...sans succès.

"....hum....euh....Erik..?..je vais probablement poser la question la plus stupide de ma vie mais...hum...est-ce que ça va...?"

Oui, cela va très bien, mademoiselle Meltorn!
Sa voix tonitruante avait une nouvelle fois résonner dans toute la communauté et meme surement bien au-delà. Du fond de sa mine, Undead l'avait certainement entendu.
devant le visage effaré de la jeune femme, il se calma d'un coup; il s'approcha d'elle pour l'enlacer et posa sa tete au creux de sa frele épaule:
"Non, cela ne va pas. Je suis furieux, peiné et vexé qu'ils soient partis durant mon sommeil. C'est comme s'ils m'avaient oté leur confiance
Que vais-je faire à présent ici, à ton avis? Cultiver mon potager, élever des poules, écrire mes mémoires?"
Il soupira et resta un moment blotti contre l'épaule acceuillante
Un parfum délicat aux fragances sucrées embaumait l'air frais de ce début de printemps.
Erik voulut que le Temps s'arreta.

et le Temps semblait s'etre bizarrement arreté.
Nul message provenant de l'extérieur, pas grand monde dans les ruelles d'Arakeen
Le viking se demanda un court instant s'il ne dormait toujours pas....
Mais non, apparemment, les premiers rayons de soleil printanier venaient caresser sa longue chevelure rousse et il pouvait humer les senteurs océanes, mélange d'odeurs de vase, de goémons et de sel.
Il était bel et bien réveillé, corne de bouc.
Et tout autour de lui n'était que silence.

Athanadoc était figé devant la porte, lorsqu'il vut la jeune Meltorn arriver en courant, apeurée par le cri du grand viking.

Elle monta les escaliers du palier en trombe. Lui s'écarta pour la laisser passer, d'un geste souple. La porte s'ouvrit devant elle (comme quoi, le charme vaut mieux que toute la force du monde).

Elle entra, et tomba dans les bras d'Erik...

Athana, toujours à la porte, eut un petit soupir, puis récupéra sa pipe de sa poche, et la metta aux lèvres avant de l'allumer. Il repositionna le galurin vers l'arrière, à la légère, et s'éclipsa discrètement, ne laissant derrière lui que quelques bouffées odorantes de tabac gris.

Marchant dans la rue silencieuse, il apprécia la douceur du printemps. Le soleil semblait sortir d'hibernation, et les oiseaux commençaient à voltiger ça et là. Devant le cabanon d'Anthigel, il put même observer quelques petites fleurs frêles qui commençaient à montrer leur bouille.

Aaaaaah, la nouvelle année : la chaleur discrète, la nature qui va mieux, les vikings qui crient... Normal, quoi

Erik sentit comme une frénésie monter en lui; son coeur palpitait et battait la chamade. Non, ca n'était pas sérieux. Pourtant, il ne pouvait plus lacher la jeune femme, son parfum enivrant, la chaleur de son corps, la douceur de sa peau qu'il avait pu sentir subrepticement...
Le viking fondait comme un glaçon au soleil à son contact. Il voulut lui murmurer des mots doux et gentils, mais sa gorge demeurait nouée, sèche et hermétique.
Pourtant, il sentait l'amour naissant comme l'arrivée du Printemps, comme le cocon qui devient papillon, comme le drakkar qui face au vent, trace toujours droit devant.
Meltorn,...
Mel, tu ne peux imaginer ou comprendre, ni te mettre à ma place. je me sens vieillir, je suis le dernier des Frosties historiques, et j'ai connu bonheur et malheur en ce monde.
Que de chemin parcouru, d'amours perdus, de voyages ici et là, d'espoirs et de rages, de victoires et de défaites.
Non, je ne baisse pas les bras, mais j'arrive à un tournant de ma vie.
Et ce morceau de vie qu'il me reste à finir, j'aimerais peut-etre le passer auprès de toi.
est-ce prétentieux de ma part?
est-ce le dépit et une certaine solitude qui me font dire celà?
je te laisse juge et partie, ma chère et belle demoiselle, je ne puis faire et dire mieux....

Son viking qui avait, peu de temps auparavant, poussé un hurlement terrible, de quoi réveiller certains morts, c'était calmé.

Meltorn s'était préparée à devoir calmer Erik, mais elle ne s'attendait pas à ce que ce dernier lui fasse une déclaration d'amour.

"...ce morceau de vie qu'il me reste à finir, j'aimerais peut-etre le passer auprès de toi..."

Son grand viking qui d'habitude ne confiait pas tellement ses sentiments s'était brusquement changé en un amour attendrissant.

"Je...Erik...je...je suis touchée "

Erik attendait sa réponse avec un grand calme, il semblait détendu.

"Erik, quoi que tu en dise, tu as encore une grande vie devant toi, et se sera avec plaisir que je la partagerais avec toi"

Le viking la serra un peu plus fort contre lui et l'embrassa tendrement.

Après une "série" assez conséquente de baisers langoureux, Erik s'aperçut que le Doc s'éloignait à pas feutrés, la bouffarde au bec en gloussant: "ah , ces femmes".....
Le viking serra d'avantage sa préférée tout contre lui; à son contact, toutes ses peurs, ses haines, ses rages, ses rancunes et ses désepoirs semblaient s'évaporer dans cette douce chaleur printanière.
Et son parfum enivrant, aux senteurs florales et légèrement piquantes, l'enivrait bien plus qu'un tonnelet entier d'hydromel.
désormais, ils étaient seuls, l'un pour l'autre.

La chaude nuit printanière avait bercé leurs amours.
A la fois fragile et fougueuse, Meltorn avait réussi à séduire et conquérir le viking qui semblait telle une forteresse, imposant, puissant et cruel.
lui, l'avait accueillie au creux de ses bras tel un petit oiseau frele et apeuré; le volatile s'était laissé piéger par les douces et suaves paroles murmurées.
Et ses paroles, telle une vieille et très ancienne litanie nordique, encore une fois, lui avait fait oublier ses peines et ses rancoeurs.
Contre elle, il s'était senti fondre, s'abandonnant physiquement, moralement et intellectuellement. cette sensation délicieuse et divine lui fit songer un bref instant au Valhalla. Non, il était bien vivant, et enlacé avec Meltorn.
Il eut presque envie de sangloter, tellement cet élan et cet amour partagés lui semblaient à jamais révolus...
Lui, le vieux marin, rancunier, grogon, raleur et buveur, elle, la fée, la poupée de sucre, la fleur du printemps presque innocente...

Meltorn s'était endormie.
le viking s'extirpa doucement du lit et alla compulser les vieux écrits qu'il avait conservé depuis la chute de Santa Frost.
Il se servit une tasse d'hydromel et reparcourut pour la ènième fois les textes sauvés du feu et de la fureur des hommes.
L'histoire de la cité, ses débuts, son arrivée.
des images traversèrent son esprit, comme un film: Marie, le Juge, Grund, Rooky, Firecred, Erland, et plus tard, Thonyo, Britney, Nahl, et tous les autres si nombreux, si vivants encore dans sa mémoire.
Il sentit une larme couler le long de sa joue; heureusement, personne n'était là pour le voir ainsi; et il songea en se faisant certainement du mal:
"Pourquoi eux tous, et pas moi? Qu'ai-je fais de plus qu'eux, Odin? Pourquoi est-ce que demeure le dernier?"
Il attrapa le tonnelet d'hydromel et avala le breuvage directement.
et ses larmes coulèrent de plus belles, car il ne pouvait les retenir, car le poids du Passé trop lourd? faisait mal à supporter. car il se sentait honteux d'etre là, vivant, et eux là bas, morts et pour beaucoup, oubliés.
Ou était donc la Justice en ce monde là?
Il parvint à se calmer en admirant Meltorn en plein sommeil. le sommeil des Justes et des Innocents, songea-t-il.

Son ange ouvrit les yeux et battit des paupières. meme cet infime mouvement naturel relevait de l'extase
Elle s'étira langoureusement et aperçut Erik marmonnant dans le coin de la pièce.
Il sentit qu'elle venait de se réveiller et s'approcha du lit.
"Tu es encore plus belle à cet instant précis, Meltorn!"
Ses cheveux étaient plus que défaits, ses traits légèrement tirés, et son regard fondant qui aurait fait chavirer le drakkar avec ses cales pleines.
Il lui caressa la joue puis sa main caleuse passa le long de son cou, si doux et si fin au toucher.... Il déposa un long et tendre baiser sur ses lèvres.

Meltorn était adorable, belle, aimante.
Il n'empeche.
Il profita de son semi réveil peu assuré pour s'éloigner (servilement/lachement) en lui faisant un petit signe de la main.
Au passage, il attrapa une fiole d'hydromel et s'en alla en direction du port.
ce qu'il avait appris subrepticement concernant ce que certains dombassiens pensaient de lui, était intolérable, difficile à avaler, à digérer encore plus.

CORNE DE BOUC, ces bouseux du Nord, que connaissent-ils de la misère, de la déchéance d'un peuple, d'une cité, d'une ame
RIEN DE RIEN, CORNE DE BOUC
on veut défendre la Liberté, on se la joue, mais quand on gratte, que trouve -t-on, a votre avis?
nada. rien. de la poésie , de l'insouciance, et surtout de la couardise et du venin

Le viking déambulait à présent sur les quais, cherchant désespérément son drakkar du regard.
"PUTAIN DE CHACALS, SI JE PRENDS UN BATEAU, JE VAIS INCENDIER CE NID DE RATS"

Personne n'a toujours rien compris à mon égard ou au moins à l'égard de la Justice?

Il cracha bruyament et hurla:

ODIN, ODIN, ODIN !

Qu'ils soient tous maudits jusque dans "leur enfer"

Après quelques lampées d'hydromel en vociférant au clair de lune, Erik eut des nouvelles du Nord, de bonnes nouvelles.
Ses amis bien que dispersés dans les idées et les méthodes, d'une certaine façon , lui envoyaient un signe fort: un signe d'amour et de fraternité.
Il finit rapidement ce qu'il lui restait d'alcool pour feter celà et repartit tranquillement chez lui rejoindre sa bien-aimée.

Meltorn?
Tu es là?

(j'ai besoin de toi)

La petite bicoque semblait vide.
La jeune femme n'était plus là

Meltorn s'était levée et était partie aux cuisines qu'elle avait si lachement abandonner la veille pour se précipiter dans les bras du viking.

"laisser Anthi en plan comme ça, dans la cuisine... " pensa-t-elle

Elle fut surprise de voir l'état de la cuisine : tout était nickel, Anthi avait du faire des heures sup' pour que tout soit ainsi.

Elle n'avait plus rien à faire ici, elle décida de se diriger vers les quais dans l'idée de rejoindre Erik
"il doit surement être la-bas. Voir la mer, ça l'aide à réfléchir."

Mais il n'y était pas. Elle s'assit néanmoins sur le bord du quai et laissa ses pieds trempés dans l'eau. Un peu de détente, ça ne peu pas faire de mal

Effrayé et inquiet, il ressurgit à l'extérieur comme un damné en ronchonnant.
Ses pas le ramenèrent au port et il l'aperçut, assise au bord du quai, les pieds trempant dans l'eau car c'était marée haute...
Il ralentit sa course et s'approcha derrière elle à pas feutré.
Elle semblait chantonner à voix basse, faisant aller et venir ses petits pieds dans l'eau fraiche du printemps.
Il la contempla un instant en retenant son souffle; puis il s'avança vers le bord du quai pour finir en l'enlaçant: ses mains ne purent s'empecher de parcourir la courbe orgueilleuse de ses seins tandis qu'il la couvrait de baisers.
"Meltorn, où étais-tu passée, mon amour?"